Causes et impact du retard sur la surveillance endoscopique post-polypectomie : une étude observationnelle prospective
Langue Français
Langue Français
Auteur(s) : Siegel Emily
Composante : MEDECINE
Date de création : 30-06-2019
Résumé(s) : Introduction : la connaissance des étapes de la carcinogenèse colique, en particulier celle de la séquence adénome (polype) – cancer a conduit, en France, les autorités de santé à mettre en place une stratégie de dépistage et de surveillance post-polypectomie. Cette dernière constitue un enjeu majeur dans la prévention du risque de cancer colorectal (CCR) et un critère de qualité́ pour la Société Française d’Endoscopie Digestive (SFED). Elle repose sur des examens endoscopiques réalisés à intervalles réguliers définis notamment en fonction des caractéristiques du (des) polype(s) réséqués. Mais la réalité́ de l’adhésion à cette stratégie, les causes d’un éventuel retard à la réalisation des coloscopies de surveillance, et les répercussions sur le résultat des examens de contrôle ont été très peu analysés. L'objectif principal de notre étude était d’évaluer à l’aide d’un questionnaire rempli par les patients, l’incidence et les motifs du retard à la coloscopie de contrôle post-polypectomie. L’objectif secondaire était d’évaluer l’impact du retard sur le nombre d’évènements pré-néoplasiques ou néoplasiques diagnostiqués. Patients et Méthodes : il s’agit d’une étude prospective observationnelle menée dans un centre d’endoscopie ambulatoire, de janvier 2018 à juin 2019. Les critères d’inclusion comprenaient l’ensemble des patients ayant subi une coloscopie dans le cadre d’une surveillance post-polypectomie. Le critère de jugement principal comprenait l’incidence et les motifs du retard à la coloscopie de contrôle post- polypectomie. Un retard était défini par un intervalle de contrôle dépassant d’un an les recommandations faites lors du précédent examen. Le critère de jugement secondaire était représenté par l’étude de l’impact du retard sur le nombre d’évènements pré-néoplasiques ou néoplasiques. Résultats : sur un total de 693 coloscopies de contrôle, 25 % patients présentaient un retard (172 patients). La principale cause de retard était un oubli de la part du patient (38 %). Le délai moyen du retard était de 2,8 ans. Sur cette population de patients en retard (comparée aux patients contrôles ayant respecté́ l’intervalle recommandé), une augmentation non-significative du nombre de polypes par patient (1,32 vs 1,19 ; p = 0,31) et de la proportion des gros polypes (5 % vs 2 % ; p = 0,21, pour une taille ≥ 2 centimètres) a été mise en évidence. Le nombre de CCR était lui, significativement plus important (1 % vs 0 % ; p = 0,01). De surcroit, lors d’un retard supérieur à 3 ans, les patients présentaient significativement plus de gros polypes (9 % vs 2 % ; p = 0,04) et d’adénomes avec dysplasie de haut grade (DHG) (3 % vs 0 % ; p = 0,02). Conclusion : le retard à la coloscopie de contrôle post-polypectomie(s) est fréquent et délétère avec une augmentation significative du nombre de CCR. Passé un retard de contrôle endoscopique de 3 ans, une augmentation significative du nombre de cancers, d’adénomes avec DHG et de gros polypes est relevée. Ce travail vient ainsi souligner la nécessité du suivi post-polypectomie en faisant entrer les patients dans une stratégie de surveillance à long terme permettant d’éviter des retards délétères. Ainsi, la mise en place d’une démarche de rappel au patient à la date d’anniversaire du contrôle pourrait être une première étape importante, le simple oubli du patient étant une des raisons principales à ce retard. Néanmoins, d’autres études à plus grande échelle sont nécessaires afin de déterminer plus précisément l’impact de ce retard sur la morbidité et de définir des intervalles de surveillance adaptés, en fonction du niveau de risque., Background: Knowledge of the different stages of colorectal carcinogenesis, in particular that of the adenoma - colorectal cancer sequence, has let the French health authorities to set up a post- polypectomy screening and surveillance strategy. Thus, monitoring patients after polypectomy is a major challenge in the prevention of colorectal cancer (CRC) and a quality criteria for the French Society of Digestive Endoscopy (SFED). Regular colonoscopies are programmed based on guideline- recommended surveillance intervals defined according to the characteristics of the polyp(s) resected. But whether the guidelines are respected or not, the causes of delayed colonoscopy and the impact on the outcome have been very little studies. Objective: The main objective of our study was to evaluate, using a questionnaire completed by the patient, the reasons for delay in post-polypectomy colonoscopy. The secondary objective was to evaluate the impact of the delay on the number of pre-neoplastic or neoplastic events diagnosed. Methods: This is an observational prospective study that took place in Strasbourg in an ambulatory endoscopy center, from January 2018 to June 2019. Inclusion criteria included all patients undergoing surveillance colonoscopies. The primary endpoint included the incidence and reasons for delay in post- polypectomy colonoscopy. The secondary endpoint was the impact of delay on preneoplastic or neoplastic events. Results: Of a total of 693 control colonoscopies, 25 % were delayed (172 patients). The main cause of delay was the patient forgetting the appointment (38 %). The average delay was 2,8 years. In this late- population (compared to control patients), a nonsignificant increase in the number of polyps per patient (1,32 vs 1,19 p = 0,31) and the proportion of large polyps (5 % vs 2 %; p = 0,21 for a size - 2 cm) were highlighted. The number of CRC was significantly higher (1 % vs 0 %; p = 0,01). Moreover, during a delay of more than 3 years, patients had significantly more large polyps (9 % vs 2 %; p = 0,04) and adenomas with high grade dysplasia (3 % vs 0 %; p = 0,02). Conclusion: The delay in post-polypectomy colonoscopy is frequent and deleterious with a significant increase in the number of CRC. After an endoscopic control delay of 3 years, a significant increase in the number of adenomas with high grade dysplasia and the proportion of large polyps is demonstrated. Thus, reminder to the patient on the birthday date of the control could be an important first step, the simple fact that patients forgot being one of the main reasons for this delay. Nevertheless, more large studies are needed to determine the impact of this delay on morbidity and to define appropriate monitoring intervals.
Discipline : Médecine (gastro-entérologie, hépatologie)
Mots-clés libres : Cancer colorectal -- Dépistage, Coloscopie, Programmes de dépistage diagnostique -- Dissertation universitaire, 616.99 Tumeurs et maladies diverses
Couverture : FR
Composante : MEDECINE
Date de création : 30-06-2019
Résumé(s) : Introduction : la connaissance des étapes de la carcinogenèse colique, en particulier celle de la séquence adénome (polype) – cancer a conduit, en France, les autorités de santé à mettre en place une stratégie de dépistage et de surveillance post-polypectomie. Cette dernière constitue un enjeu majeur dans la prévention du risque de cancer colorectal (CCR) et un critère de qualité́ pour la Société Française d’Endoscopie Digestive (SFED). Elle repose sur des examens endoscopiques réalisés à intervalles réguliers définis notamment en fonction des caractéristiques du (des) polype(s) réséqués. Mais la réalité́ de l’adhésion à cette stratégie, les causes d’un éventuel retard à la réalisation des coloscopies de surveillance, et les répercussions sur le résultat des examens de contrôle ont été très peu analysés. L'objectif principal de notre étude était d’évaluer à l’aide d’un questionnaire rempli par les patients, l’incidence et les motifs du retard à la coloscopie de contrôle post-polypectomie. L’objectif secondaire était d’évaluer l’impact du retard sur le nombre d’évènements pré-néoplasiques ou néoplasiques diagnostiqués. Patients et Méthodes : il s’agit d’une étude prospective observationnelle menée dans un centre d’endoscopie ambulatoire, de janvier 2018 à juin 2019. Les critères d’inclusion comprenaient l’ensemble des patients ayant subi une coloscopie dans le cadre d’une surveillance post-polypectomie. Le critère de jugement principal comprenait l’incidence et les motifs du retard à la coloscopie de contrôle post- polypectomie. Un retard était défini par un intervalle de contrôle dépassant d’un an les recommandations faites lors du précédent examen. Le critère de jugement secondaire était représenté par l’étude de l’impact du retard sur le nombre d’évènements pré-néoplasiques ou néoplasiques. Résultats : sur un total de 693 coloscopies de contrôle, 25 % patients présentaient un retard (172 patients). La principale cause de retard était un oubli de la part du patient (38 %). Le délai moyen du retard était de 2,8 ans. Sur cette population de patients en retard (comparée aux patients contrôles ayant respecté́ l’intervalle recommandé), une augmentation non-significative du nombre de polypes par patient (1,32 vs 1,19 ; p = 0,31) et de la proportion des gros polypes (5 % vs 2 % ; p = 0,21, pour une taille ≥ 2 centimètres) a été mise en évidence. Le nombre de CCR était lui, significativement plus important (1 % vs 0 % ; p = 0,01). De surcroit, lors d’un retard supérieur à 3 ans, les patients présentaient significativement plus de gros polypes (9 % vs 2 % ; p = 0,04) et d’adénomes avec dysplasie de haut grade (DHG) (3 % vs 0 % ; p = 0,02). Conclusion : le retard à la coloscopie de contrôle post-polypectomie(s) est fréquent et délétère avec une augmentation significative du nombre de CCR. Passé un retard de contrôle endoscopique de 3 ans, une augmentation significative du nombre de cancers, d’adénomes avec DHG et de gros polypes est relevée. Ce travail vient ainsi souligner la nécessité du suivi post-polypectomie en faisant entrer les patients dans une stratégie de surveillance à long terme permettant d’éviter des retards délétères. Ainsi, la mise en place d’une démarche de rappel au patient à la date d’anniversaire du contrôle pourrait être une première étape importante, le simple oubli du patient étant une des raisons principales à ce retard. Néanmoins, d’autres études à plus grande échelle sont nécessaires afin de déterminer plus précisément l’impact de ce retard sur la morbidité et de définir des intervalles de surveillance adaptés, en fonction du niveau de risque., Background: Knowledge of the different stages of colorectal carcinogenesis, in particular that of the adenoma - colorectal cancer sequence, has let the French health authorities to set up a post- polypectomy screening and surveillance strategy. Thus, monitoring patients after polypectomy is a major challenge in the prevention of colorectal cancer (CRC) and a quality criteria for the French Society of Digestive Endoscopy (SFED). Regular colonoscopies are programmed based on guideline- recommended surveillance intervals defined according to the characteristics of the polyp(s) resected. But whether the guidelines are respected or not, the causes of delayed colonoscopy and the impact on the outcome have been very little studies. Objective: The main objective of our study was to evaluate, using a questionnaire completed by the patient, the reasons for delay in post-polypectomy colonoscopy. The secondary objective was to evaluate the impact of the delay on the number of pre-neoplastic or neoplastic events diagnosed. Methods: This is an observational prospective study that took place in Strasbourg in an ambulatory endoscopy center, from January 2018 to June 2019. Inclusion criteria included all patients undergoing surveillance colonoscopies. The primary endpoint included the incidence and reasons for delay in post- polypectomy colonoscopy. The secondary endpoint was the impact of delay on preneoplastic or neoplastic events. Results: Of a total of 693 control colonoscopies, 25 % were delayed (172 patients). The main cause of delay was the patient forgetting the appointment (38 %). The average delay was 2,8 years. In this late- population (compared to control patients), a nonsignificant increase in the number of polyps per patient (1,32 vs 1,19 p = 0,31) and the proportion of large polyps (5 % vs 2 %; p = 0,21 for a size - 2 cm) were highlighted. The number of CRC was significantly higher (1 % vs 0 %; p = 0,01). Moreover, during a delay of more than 3 years, patients had significantly more large polyps (9 % vs 2 %; p = 0,04) and adenomas with high grade dysplasia (3 % vs 0 %; p = 0,02). Conclusion: The delay in post-polypectomy colonoscopy is frequent and deleterious with a significant increase in the number of CRC. After an endoscopic control delay of 3 years, a significant increase in the number of adenomas with high grade dysplasia and the proportion of large polyps is demonstrated. Thus, reminder to the patient on the birthday date of the control could be an important first step, the simple fact that patients forgot being one of the main reasons for this delay. Nevertheless, more large studies are needed to determine the impact of this delay on morbidity and to define appropriate monitoring intervals.
Discipline : Médecine (gastro-entérologie, hépatologie)
Mots-clés libres : Cancer colorectal -- Dépistage, Coloscopie, Programmes de dépistage diagnostique -- Dissertation universitaire, 616.99 Tumeurs et maladies diverses
Couverture : FR
Type : Thèse d’exercice, These d'exercice Unistra
Source(s) :
Source(s) :
- http://www.sudoc.fr/240546342
Entrepôt d'origine :
Identifiant : ecrin-ori-319229
Type de ressource : Ressource documentaire
Identifiant : ecrin-ori-319229
Type de ressource : Ressource documentaire