Regard des soignant-es sur leurs patient-es femmes : du stéréotype de genre à la violence médicale : étude qualitative du vécu de vingt patient-es perçu-es comme femmes/thèse présentée pour le diplôme d'État de docteur en médecine, diplôme d'État, mention
Langue Français
Langue Français
Auteur(s) : Pace Angélina
Composante : MEDECINE
Date de création : 30-06-2021
Résumé(s) : Introduction : Notre système de santé promeut l’égalité des soins pour tous les individus quel que soit leur genre. Cependant, les constructions socioculturelles stéréotypées des rôles et comportements attribués aux femmes ont un impact certain sur leur santé et leur parcours de soins. En effet, comme dans toute interaction sociale, le système patriarcal de notre société et les violences sexistes qui en découlent s’immiscent dans la relation de soins, au détriment des patient×es perçu×es comme femme. Objectif : Décrire les violences médicales liées aux stéréotypes de genre vécues par les patient×es perçu×es comme femmes dans leur parcours de soins. Matériels et méthodes : 20 entretiens semi-dirigés ont été réalisés entre décembre 2020 et février 2021 auprès de patient×es perçu×es comme femme. Ils ont bénéficié d’un double codage et d’une analyse qualitative phénoménologique selon le principe de la théorisation ancrée. Résultats : Une « pyramide de violences » vécues dans les soins a pu être modélisée, allant de la banalisation du sexisme aux violences explicites imprégnées de la culture du viol, en passant par les propos porteurs de jugements négatifs, la discrimination sexiste dans la recherche scientifique et le soin, mais également par la réification des patient×es et leur privation d’autonomie. Les interrogé×es ont en effet pu décrire le sentiment d’être dépossédé×es de leurs identités, de leurs corps et des décisions les concernant, que ce soit lorsqu’iels sont confronté×es aux injonctions sociétales associées à la « féminité » et aux violences sexistes perpétuées par certain×es soignant×es, mais aussi au contrôle normatif exercé par la médecine sur leur santé reproductive. Ce dernier, parfois vécu comme une surmédicalisation, semblerait définir leurs corps « féminins » comme « pathologiques » et « non fiables », entrainant avec lui une déresponsabilisation croissante des soigné×es vis-à-vis de leur santé. Au contraire, les interrogé×es aspirent, dans un processus d’empowerment, à se réapproprier leur corps et les savoirs qui lui sont associés. Iels peuvent cependant se heurter à une figure de soignant×e « tout-puissant×e », ainsi qu’à un « entre-soi masculin » très présent au sein de la profession, majorant leurs difficultés à revendiquer leurs droits ; d’autant plus dans la situation de vulnérabilité que représente la nécessité de soins. Une véritable défiance de groupe semble aujourd’hui exister envers une partie du corps soignant, non sans conséquences sur leurs recours aux soins. Leurs stratégies de défense sont multiples, de la résignation et l’acceptation, au renoncement de soins, en passant par l’évitement des soignants masculins et la création d’une sororité entre soigné×es. De plus en plus privilégient ainsi les soignant×es femmes, avec qui iels semblent partager cette sororité et se sentir plus en sécurité. Les interrogé×es ont aussi su choisir leurs soignant×es sur des critères déontologiques. Conclusion : L’exercice de la médecine n’est pas neutre. De nombreuses constructions sociales genrées influencent la pratique de soin des soignant×es et leurs attitudes vis-à-vis des patient×es perçues comme femmes. Il en va de leur responsabilité d’en prendre conscience et de s’interroger sur leurs propres a priori et comportements stéréotypés, sans quoi les violences sexistes et les violences en général dans le domaine du soin ne cesseront de perdurer. Les interrogé×es portent particulièrement leurs espoirs sur la « nouvelle » génération de professionnel×les de santé, qui, iels l’espèrent, permettront une évolution bénéfique de la relation de soin, Our study aimed to describe medical violence linked to gender stereotypes experienced by patients perceived as women in their care pathway. 20 semi-structured interviews were carried out from December 2020 to February 2021 in Alsace. They benefited from a double coding and a qualitative phenomenological analysis according to the principle of grounded theorisation. We modeled a “pyramid of violence” experienced in healthcare by participants, ranging from the trivialization of sexism to explicit violence imbued with the culture of rape, including comments that convey negative judgments, sexist discrimination in scientific research and care, but also by the reification of patients and their deprivation of autonomy. The participants' defense strategies are manifold: from resignation and acceptance, to renouncing care, through the avoidance of male caregivers and the creation of a sorority between patients
Discipline : Médecine générale
Composante : MEDECINE
Date de création : 30-06-2021
Résumé(s) : Introduction : Notre système de santé promeut l’égalité des soins pour tous les individus quel que soit leur genre. Cependant, les constructions socioculturelles stéréotypées des rôles et comportements attribués aux femmes ont un impact certain sur leur santé et leur parcours de soins. En effet, comme dans toute interaction sociale, le système patriarcal de notre société et les violences sexistes qui en découlent s’immiscent dans la relation de soins, au détriment des patient×es perçu×es comme femme. Objectif : Décrire les violences médicales liées aux stéréotypes de genre vécues par les patient×es perçu×es comme femmes dans leur parcours de soins. Matériels et méthodes : 20 entretiens semi-dirigés ont été réalisés entre décembre 2020 et février 2021 auprès de patient×es perçu×es comme femme. Ils ont bénéficié d’un double codage et d’une analyse qualitative phénoménologique selon le principe de la théorisation ancrée. Résultats : Une « pyramide de violences » vécues dans les soins a pu être modélisée, allant de la banalisation du sexisme aux violences explicites imprégnées de la culture du viol, en passant par les propos porteurs de jugements négatifs, la discrimination sexiste dans la recherche scientifique et le soin, mais également par la réification des patient×es et leur privation d’autonomie. Les interrogé×es ont en effet pu décrire le sentiment d’être dépossédé×es de leurs identités, de leurs corps et des décisions les concernant, que ce soit lorsqu’iels sont confronté×es aux injonctions sociétales associées à la « féminité » et aux violences sexistes perpétuées par certain×es soignant×es, mais aussi au contrôle normatif exercé par la médecine sur leur santé reproductive. Ce dernier, parfois vécu comme une surmédicalisation, semblerait définir leurs corps « féminins » comme « pathologiques » et « non fiables », entrainant avec lui une déresponsabilisation croissante des soigné×es vis-à-vis de leur santé. Au contraire, les interrogé×es aspirent, dans un processus d’empowerment, à se réapproprier leur corps et les savoirs qui lui sont associés. Iels peuvent cependant se heurter à une figure de soignant×e « tout-puissant×e », ainsi qu’à un « entre-soi masculin » très présent au sein de la profession, majorant leurs difficultés à revendiquer leurs droits ; d’autant plus dans la situation de vulnérabilité que représente la nécessité de soins. Une véritable défiance de groupe semble aujourd’hui exister envers une partie du corps soignant, non sans conséquences sur leurs recours aux soins. Leurs stratégies de défense sont multiples, de la résignation et l’acceptation, au renoncement de soins, en passant par l’évitement des soignants masculins et la création d’une sororité entre soigné×es. De plus en plus privilégient ainsi les soignant×es femmes, avec qui iels semblent partager cette sororité et se sentir plus en sécurité. Les interrogé×es ont aussi su choisir leurs soignant×es sur des critères déontologiques. Conclusion : L’exercice de la médecine n’est pas neutre. De nombreuses constructions sociales genrées influencent la pratique de soin des soignant×es et leurs attitudes vis-à-vis des patient×es perçues comme femmes. Il en va de leur responsabilité d’en prendre conscience et de s’interroger sur leurs propres a priori et comportements stéréotypés, sans quoi les violences sexistes et les violences en général dans le domaine du soin ne cesseront de perdurer. Les interrogé×es portent particulièrement leurs espoirs sur la « nouvelle » génération de professionnel×les de santé, qui, iels l’espèrent, permettront une évolution bénéfique de la relation de soin, Our study aimed to describe medical violence linked to gender stereotypes experienced by patients perceived as women in their care pathway. 20 semi-structured interviews were carried out from December 2020 to February 2021 in Alsace. They benefited from a double coding and a qualitative phenomenological analysis according to the principle of grounded theorisation. We modeled a “pyramid of violence” experienced in healthcare by participants, ranging from the trivialization of sexism to explicit violence imbued with the culture of rape, including comments that convey negative judgments, sexist discrimination in scientific research and care, but also by the reification of patients and their deprivation of autonomy. The participants' defense strategies are manifold: from resignation and acceptance, to renouncing care, through the avoidance of male caregivers and the creation of a sorority between patients
Discipline : Médecine générale
Mots-clés libres :
Couverture : FR
- Relations médecin-patient
- Femmes -- Santé et hygiène
- Sexisme en médecine
- Stéréotype (psychologie)
- Transgenres -- Violence envers
- 610.6
Type : Thèse d’exercice, These d'exercice Unistra
Format : Document PDF
Source(s) :
Format : Document PDF
Source(s) :
- http://www.sudoc.fr/259160881
Entrepôt d'origine :
Identifiant : ecrin-ori-322757
Type de ressource : Ressource documentaire

Identifiant : ecrin-ori-322757
Type de ressource : Ressource documentaire