Etude des atteintes neurologiques sévères liées au SARS CoV-2 en réanimation et de leur évolution à 3 mois lors de la 1ère vague au CHU de Strasbourg:thèse présentée pour le diplôme de docteur en médecine, diplôme d'État, D.E.S d'anesthésie réanimation
Langue Français
Langue Français
Auteur(s) : Ducaruge, Pierre
Directeur(s) : Walid Oulehri
Composante : MEDECINE
Date de création : 30-06-2022
Résumé(s) : La première vague de formes sévères de SARS-CoV-2 a mis en évidence une fréquence élevée d’atteinte neurologique sévère (ANS) en réanimation. Malgré les nombreux travaux recensés dans la littérature, leur physiopathologie n’est que partiellement élucidée et leur présence grève le pronostic des patients. Ainsi notre objectif de travail a été de déterminer les facteurs prédictifs d’ANS en réanimation et d’évaluer le devenir des patients atteints d’ANS à distance de leur sortie de réanimation par rapport aux patients indemnes d’atteintes neurologiques sévères (IANS). Cette étude comportait deux axes de travail. Le premier consistait à déterminer l’association entre des facteurs cliniques pré et per hospitalisation en réanimation chez des patients présentant des ANS en réanimation en comparaison à un groupe contrôle IANS, et d’en discuter l’origine physiopathologique. Le deuxième axe s’intéressait à décrire l’évolution clinique des patients présentant des ANS comparés aux patients IANS à 3 mois de la sortie de réanimation. Dans cette étude monocentrique prospective, nous avons établi un groupe de 22 patients avec ANS et un groupe de 109 patients IANS sur la cohorte des patients admis en réanimation chirurgicale du NHC, au CHU de Strasbourg entre le 4 mars 2020 et le 23 juin 2020 pour pneumopathie grave à SARS-CoV-2. Après analyse des facteurs cliniques pré hospitalisation associés à une ANS, il n’a pas été mis en évidence de différence entre les deux populations étudiées (ANS et IANS). Concernant les facteurs cliniques per hospitalisation en réanimation, le groupe avec ANS présentait des caractéristiques plus sévères concernant les atteintes respiratoires, rénales et biologiques, ainsi qu’une durée d’hospitalisation prolongée. La confrontation de ces résultats à la littérature nous fait conclure à l’origine probablement multifactorielle des ANS liée au SARS-CoV2, incluant une part hypoxique, prothrombotique, inflammatoire et immunologique. C‘est l’association de toutes ces étiologies qui semble provoquer les ANS en réanimation lors d’un SARS-CoV-2 et qui laisse supposer que la physiopathologie de la Covid-19 est systémique, incluant des médiateurs inflammatoires délétères pour l’ensemble des organes dont le système nerveux. Concernant l’évolution des patients à 3 mois de leur sortie de réanimation, les patients avec ANS conservent plus de séquelles. Les séquelles respiratoires, l’asthénie, ainsi que les atteintes du système nerveux central sont plus fréquentes. L’altération des capacités fonctionnelles, l’évaluation neuropsychologique et psychiatrique ne semblent pas différer entre les groupes. Les patients atteints d’ANS présentent donc des défaillances d’organes plus sévères durant leur séjour en réanimation avec des thérapeutiques probablement plus invasives et d’une durée plus longue que les patients IANS. L’évolution clinique à moyen terme est différente entre les groupes avec ANS et IANS avec notamment des atteintes neurologiques et respiratoires plus sévères dans le groupe ANS. Par ce travail nous avons pu définir les facteurs per réanimation associés aux ANS et les séquelles cliniques à moyen terme. Il est ainsi possible de prévenir les ANS en réanimation en agissant sur les facteurs associés et d’anticiper les besoins en rééducation neurologique et respiratoire. La principale limite de ce travail est l’étude d’une cohorte de patients issue de la 1ère vague d’infection à SARS-CoV-2. A ce moment les connaissances médicales et scientifiques de ce virus étaient encore très limitées et les traitements utilisés basés sur peu de preuves scientifiques. D’autres études portant sur de plus grands effectifs seront nécessaires pour déterminer l’incidence des ANS et leurs facteurs associés en présence des nouveaux variants du SARS-CoV-2. Les atteintes à moyen et long terme devront également être réévaluées afin de cibler précisément les besoins en soins de rééducation et prévenir le syndrome du « COVID-long », The first wave of SARS-CoV-2 severe forms showed a high frequency of severe neurological injuries (SNI) in intensive care. Despite an important literature, their pathophysiology is not completely elucidated and their presence affects prognosis of patients. Our objective was to determine the predictive factors of SNI in intensive care and to evaluate the prognosis of patients with SNI 3 months after discharge of intensive care, compared to patients without severe neurological injuries. This study had two goals. The first was to determine the association between clinical factors in patients with SNI in intensive care compared to an control group without SNI, and to discuss the pathophysiological origin. The second goal was to describe the clinical progression of patients with SNI compared to patients without SNI at 3 months of intensive care discharge. In this prospective monocentric study, we established a group of 22 patients with SNI and a group of 109 patients without SNI in the cohort of patients admitted to surgical intensive care of Nouvel Hôpital Civil, at Strasbourg University Hospital between 4 March 2020 and 23 June 2020 for severe respiratory form of SARS-CoV-2. Analysis of the pre-hospitalization clinical factors associated with an SNI did not reveal any difference between the two populations studied (with SNI and without IANS). With respect to clinical factors per hospitalization in resuscitation, the SNI group had more severe respiratory, renal and biological conditions, as well as a longer hospitalization period. The comparison of these results with the literature leads us to conclude that ANS is probably multifactorial and related to SARS-CoV2, including hypoxic, prothrombotic, inflammatory and immunological. It is the association of all these causes that seems to cause SNI in intensive care during a SARS-CoV-2 and which suggests that the pathophysiology of Covid-19 is systemic, including harmful inflammatory mediators for all organs including the nervous system. Regarding the evolution of patients at 3 months of their intensive care discharge, patients with SNI keep more sequelae. Respiratory sequelae, asthenia, as well as central nervous system damage are more common. Functional impairment, neuropsychological and psychiatric assessment do not appear to be different between groups. Patients with SNI had more severe organ failure during the hospitalisation in intensive care with probably more invasive therapies and longer duration than patients without SNI. There were more severe neurological and respiratory disorders in the SNI group. Through this work we were able to describe the intensive care factors associated with SNI and the clinical sequelae after hospitalisation for SARS-COV-2. It is maybe possible to prevent SNI in intensive care by acting on the associated factors and to anticipate the needs in neurological and respiratory rehabilitation. The main limitation of this work is the study of a cohort of patients from the 1st wave of SARS-CoV-2 infection. At that time the medical and scientific knowledge of this virus were still very limited and the treatments used based on little scientific evidence. Further studies of larger populations will be required to determine the impact of SNI and their associated factors in the presence of new SARS-CoV-2 variants. Medium- and long-term impairments will also need to be reassessed to specifically target rehabilitation care needs and prevent “COVID-long” syndrome
Discipline : Médecine (anesthésie réanimation)
Directeur(s) : Walid Oulehri
Composante : MEDECINE
Date de création : 30-06-2022
Résumé(s) : La première vague de formes sévères de SARS-CoV-2 a mis en évidence une fréquence élevée d’atteinte neurologique sévère (ANS) en réanimation. Malgré les nombreux travaux recensés dans la littérature, leur physiopathologie n’est que partiellement élucidée et leur présence grève le pronostic des patients. Ainsi notre objectif de travail a été de déterminer les facteurs prédictifs d’ANS en réanimation et d’évaluer le devenir des patients atteints d’ANS à distance de leur sortie de réanimation par rapport aux patients indemnes d’atteintes neurologiques sévères (IANS). Cette étude comportait deux axes de travail. Le premier consistait à déterminer l’association entre des facteurs cliniques pré et per hospitalisation en réanimation chez des patients présentant des ANS en réanimation en comparaison à un groupe contrôle IANS, et d’en discuter l’origine physiopathologique. Le deuxième axe s’intéressait à décrire l’évolution clinique des patients présentant des ANS comparés aux patients IANS à 3 mois de la sortie de réanimation. Dans cette étude monocentrique prospective, nous avons établi un groupe de 22 patients avec ANS et un groupe de 109 patients IANS sur la cohorte des patients admis en réanimation chirurgicale du NHC, au CHU de Strasbourg entre le 4 mars 2020 et le 23 juin 2020 pour pneumopathie grave à SARS-CoV-2. Après analyse des facteurs cliniques pré hospitalisation associés à une ANS, il n’a pas été mis en évidence de différence entre les deux populations étudiées (ANS et IANS). Concernant les facteurs cliniques per hospitalisation en réanimation, le groupe avec ANS présentait des caractéristiques plus sévères concernant les atteintes respiratoires, rénales et biologiques, ainsi qu’une durée d’hospitalisation prolongée. La confrontation de ces résultats à la littérature nous fait conclure à l’origine probablement multifactorielle des ANS liée au SARS-CoV2, incluant une part hypoxique, prothrombotique, inflammatoire et immunologique. C‘est l’association de toutes ces étiologies qui semble provoquer les ANS en réanimation lors d’un SARS-CoV-2 et qui laisse supposer que la physiopathologie de la Covid-19 est systémique, incluant des médiateurs inflammatoires délétères pour l’ensemble des organes dont le système nerveux. Concernant l’évolution des patients à 3 mois de leur sortie de réanimation, les patients avec ANS conservent plus de séquelles. Les séquelles respiratoires, l’asthénie, ainsi que les atteintes du système nerveux central sont plus fréquentes. L’altération des capacités fonctionnelles, l’évaluation neuropsychologique et psychiatrique ne semblent pas différer entre les groupes. Les patients atteints d’ANS présentent donc des défaillances d’organes plus sévères durant leur séjour en réanimation avec des thérapeutiques probablement plus invasives et d’une durée plus longue que les patients IANS. L’évolution clinique à moyen terme est différente entre les groupes avec ANS et IANS avec notamment des atteintes neurologiques et respiratoires plus sévères dans le groupe ANS. Par ce travail nous avons pu définir les facteurs per réanimation associés aux ANS et les séquelles cliniques à moyen terme. Il est ainsi possible de prévenir les ANS en réanimation en agissant sur les facteurs associés et d’anticiper les besoins en rééducation neurologique et respiratoire. La principale limite de ce travail est l’étude d’une cohorte de patients issue de la 1ère vague d’infection à SARS-CoV-2. A ce moment les connaissances médicales et scientifiques de ce virus étaient encore très limitées et les traitements utilisés basés sur peu de preuves scientifiques. D’autres études portant sur de plus grands effectifs seront nécessaires pour déterminer l’incidence des ANS et leurs facteurs associés en présence des nouveaux variants du SARS-CoV-2. Les atteintes à moyen et long terme devront également être réévaluées afin de cibler précisément les besoins en soins de rééducation et prévenir le syndrome du « COVID-long », The first wave of SARS-CoV-2 severe forms showed a high frequency of severe neurological injuries (SNI) in intensive care. Despite an important literature, their pathophysiology is not completely elucidated and their presence affects prognosis of patients. Our objective was to determine the predictive factors of SNI in intensive care and to evaluate the prognosis of patients with SNI 3 months after discharge of intensive care, compared to patients without severe neurological injuries. This study had two goals. The first was to determine the association between clinical factors in patients with SNI in intensive care compared to an control group without SNI, and to discuss the pathophysiological origin. The second goal was to describe the clinical progression of patients with SNI compared to patients without SNI at 3 months of intensive care discharge. In this prospective monocentric study, we established a group of 22 patients with SNI and a group of 109 patients without SNI in the cohort of patients admitted to surgical intensive care of Nouvel Hôpital Civil, at Strasbourg University Hospital between 4 March 2020 and 23 June 2020 for severe respiratory form of SARS-CoV-2. Analysis of the pre-hospitalization clinical factors associated with an SNI did not reveal any difference between the two populations studied (with SNI and without IANS). With respect to clinical factors per hospitalization in resuscitation, the SNI group had more severe respiratory, renal and biological conditions, as well as a longer hospitalization period. The comparison of these results with the literature leads us to conclude that ANS is probably multifactorial and related to SARS-CoV2, including hypoxic, prothrombotic, inflammatory and immunological. It is the association of all these causes that seems to cause SNI in intensive care during a SARS-CoV-2 and which suggests that the pathophysiology of Covid-19 is systemic, including harmful inflammatory mediators for all organs including the nervous system. Regarding the evolution of patients at 3 months of their intensive care discharge, patients with SNI keep more sequelae. Respiratory sequelae, asthenia, as well as central nervous system damage are more common. Functional impairment, neuropsychological and psychiatric assessment do not appear to be different between groups. Patients with SNI had more severe organ failure during the hospitalisation in intensive care with probably more invasive therapies and longer duration than patients without SNI. There were more severe neurological and respiratory disorders in the SNI group. Through this work we were able to describe the intensive care factors associated with SNI and the clinical sequelae after hospitalisation for SARS-COV-2. It is maybe possible to prevent SNI in intensive care by acting on the associated factors and to anticipate the needs in neurological and respiratory rehabilitation. The main limitation of this work is the study of a cohort of patients from the 1st wave of SARS-CoV-2 infection. At that time the medical and scientific knowledge of this virus were still very limited and the treatments used based on little scientific evidence. Further studies of larger populations will be required to determine the impact of SNI and their associated factors in the presence of new SARS-CoV-2 variants. Medium- and long-term impairments will also need to be reassessed to specifically target rehabilitation care needs and prevent “COVID-long” syndrome
Discipline : Médecine (anesthésie réanimation)
Mots-clés libres :
Couverture : FR
- Covid-19 Maladies neurologiques
- SARS-CoV-2 (virus)
- Encéphalopathies
- Réanimation
- Continuité des soins
- Syndrome de détresse respiratoire aiguë de l'adulte
- 617.5
Type : Thèse d’exercice, These d'exercice Unistra
Format : PDF
Source(s) :
Format : PDF
Source(s) :
- http://www.sudoc.fr/265745543
Entrepôt d'origine :
Identifiant : ecrin-ori-341953
Type de ressource : Ressource documentaire

Identifiant : ecrin-ori-341953
Type de ressource : Ressource documentaire