L'État français face à la délinquance féminine étrangère : femmes allemandes expulsées pour délits de pauvreté en Alsace (1841-1870)
Langue Français
Langue Français
Auteur(s) : Ancel, Mélissa
Directeur : Dupont, Alexandre
Composante : HISTOIRES
Établissement : Université de Strasbourg
Date de création : 30-06-2024
Description : À quoi fait-on référence quand on parle des « classes dangereuses » au XIXe siècle ? Qui détermine ce qui est dangereux ou non ? Quels sont les traitements réservés à ces catégories de populations incapables de s’assimiler à la société et troublant l’ordre public ? Plusieurs groupes sociaux revêtissent cette image obscure de « marginal » qu’il faut contenir. Délinquant, opposants politique, révolutionnaire, chacun occupe dans l’imaginaire collectif un statut d’exclu de la société. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, de nouvelles formes de dangerosité apparaissent et sont d’un ordre économique. Les pauvres, les vagabonds, les voleurs ou encore les mendiants incarnent une image de « fainéant » et inspirent l’effroi. Le pauvre est différent de nous et de notre voisin. Mais il y a pire encore : l’étranger pauvre. Il vole dans les marchés locaux, il pille les maisons, il saccage les établissements publics, il ne parle pas notre langue et n’essaie pas de s’assimiler à la population. En somme, il n’a rien de semblable à nous. Aussi, ce mémoire propose de s’intéresser à l’usage de l’expulsion du territoire à travers une étude de cas de 368 femmes allemandes expulsées d’Alsace pour avoir commis des délits dits « de pauvreté » à savoir du vol, du vagabondage et de la mendicité. Laissées en marge de la société, mais aussi de l’histoire, elles ont faitface au durcissement judiciaire du Second Empire et se sont heurtées à des rouages étatiques en plein essor de 1841 à 1870. Ce sont 368 dossiers d’expulsions qui ont été étudiés, en les croisant avec diverses autres sources telles que les Comptes généraux de l’administration judiciaire, source précieuse émanant du pouvoir. Dans la continuité des travaux de Frédéric Chauvaud, de Michelle Perrot, mais aussi de Sylvie Aprile, de Delphine Diaz et d’Hugo Vermeren, les dimensions du genre, de la classe sociale et des mobilités présentes au sein de ce mémoire aborde de nouveaux enjeux. Ce corpus invite à se questionner sur les nouvelles manières de juger la délinquance étrangère, et notamment la délinquance féminine étrangère. Avec la publication de la loi du 3 décembre 1849, la possibilité d’expulser un étranger sans raison apparente teinte les données liées à l’expulsion et la perception que l’on se fait de l’« étranger ». Il s’agit de s’interroger sur les limites de l’intolérable conduisant à cette peine et sur la manière dont certaines catégories de populations frôlent l’indésirabilité à cette époque selon des critères établis par l’État et la société. À ce propos, villageois et agents de l’ordre interagissent ensemble de sorte à façonner les critères qui autorisent l’assistance aux personnes pauvres. Au croisement du genre, certaines différences de traitements sont visibles en évitant l’expulsion à certaines femmes enceintes ou mères. La question du tri social est au cœur de ce sujet. Entre la stigmatisation et la protection, il n’y a parfois qu’une infime ligne à franchir. Que ce soit une mauvaise réputation selon des voisins ou encore des antécédents psychiatriques, les femmes sont jugées pénalement, mais aussi socialement selon leur statut d’étrangères, de pauvres, de bonnes ou de mauvaises mères, d’amies, de collègues de travail, et surtout, de femmes. Ce mémoire a l’intention de rendre visible des mécanismes politiques répressifs en s’appuyant sur un objet de travail précis. À travers ces dossiers d’expulsion, il s’agit de voir les conséquences des nouvelles directives de Napoléon III et de la manière dont elles pénètrent les discours sécuritaires et plus largement les procédures judiciaires. En effet, aux premiers abords, les femmes de ce corpus semblent être des délinquantes qui se trouvaient au mauvais endroit et au mauvais moment. Ayant transgressé les normes, elles font l’objet de poursuites judiciaires et sont expulsées du territoire. Néanmoins, avec une relecture de certaines lois, de nouveaux enjeux apparaissent. En confrontant différents contextes, acteurs et politiques, émergent alors une histoire de l’État. Au-delà d’un travail portant sur l’histoire du genre et des pratiques judiciaires, ce nouveau dispositif répressif dévoile d’autres phénomènes, restés encore méconnus. Les rapports de domination subis par les femmes sont les résultats d’une inquiétude à l’égard de leur identité. Leur nationalité, leur situation socio-économique fragile et les délits qu’elles commettent sont les raisons qui les font revêtir l’archétype de l’étranger marginalisé et dangereux.
Discipline : Histoire et civilisations de l’Europe
Mots-clés libres : Allemandes, Alsace (France), 19e siècle, Femmes, Conditions sociales, Alsace (France), 19e siècle, Femmes, Conditions économiques, Alsace (France), 19e siècle, Femmes pauvres, Alsace (France), 19e siècle, Femmes et justice, Alsace (France), 19e siècle, Expulsion des étrangers, Alsace (France), 19e siècle
Couverture : FR
Directeur : Dupont, Alexandre
Composante : HISTOIRES
Établissement : Université de Strasbourg
Date de création : 30-06-2024
Description : À quoi fait-on référence quand on parle des « classes dangereuses » au XIXe siècle ? Qui détermine ce qui est dangereux ou non ? Quels sont les traitements réservés à ces catégories de populations incapables de s’assimiler à la société et troublant l’ordre public ? Plusieurs groupes sociaux revêtissent cette image obscure de « marginal » qu’il faut contenir. Délinquant, opposants politique, révolutionnaire, chacun occupe dans l’imaginaire collectif un statut d’exclu de la société. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, de nouvelles formes de dangerosité apparaissent et sont d’un ordre économique. Les pauvres, les vagabonds, les voleurs ou encore les mendiants incarnent une image de « fainéant » et inspirent l’effroi. Le pauvre est différent de nous et de notre voisin. Mais il y a pire encore : l’étranger pauvre. Il vole dans les marchés locaux, il pille les maisons, il saccage les établissements publics, il ne parle pas notre langue et n’essaie pas de s’assimiler à la population. En somme, il n’a rien de semblable à nous. Aussi, ce mémoire propose de s’intéresser à l’usage de l’expulsion du territoire à travers une étude de cas de 368 femmes allemandes expulsées d’Alsace pour avoir commis des délits dits « de pauvreté » à savoir du vol, du vagabondage et de la mendicité. Laissées en marge de la société, mais aussi de l’histoire, elles ont faitface au durcissement judiciaire du Second Empire et se sont heurtées à des rouages étatiques en plein essor de 1841 à 1870. Ce sont 368 dossiers d’expulsions qui ont été étudiés, en les croisant avec diverses autres sources telles que les Comptes généraux de l’administration judiciaire, source précieuse émanant du pouvoir. Dans la continuité des travaux de Frédéric Chauvaud, de Michelle Perrot, mais aussi de Sylvie Aprile, de Delphine Diaz et d’Hugo Vermeren, les dimensions du genre, de la classe sociale et des mobilités présentes au sein de ce mémoire aborde de nouveaux enjeux. Ce corpus invite à se questionner sur les nouvelles manières de juger la délinquance étrangère, et notamment la délinquance féminine étrangère. Avec la publication de la loi du 3 décembre 1849, la possibilité d’expulser un étranger sans raison apparente teinte les données liées à l’expulsion et la perception que l’on se fait de l’« étranger ». Il s’agit de s’interroger sur les limites de l’intolérable conduisant à cette peine et sur la manière dont certaines catégories de populations frôlent l’indésirabilité à cette époque selon des critères établis par l’État et la société. À ce propos, villageois et agents de l’ordre interagissent ensemble de sorte à façonner les critères qui autorisent l’assistance aux personnes pauvres. Au croisement du genre, certaines différences de traitements sont visibles en évitant l’expulsion à certaines femmes enceintes ou mères. La question du tri social est au cœur de ce sujet. Entre la stigmatisation et la protection, il n’y a parfois qu’une infime ligne à franchir. Que ce soit une mauvaise réputation selon des voisins ou encore des antécédents psychiatriques, les femmes sont jugées pénalement, mais aussi socialement selon leur statut d’étrangères, de pauvres, de bonnes ou de mauvaises mères, d’amies, de collègues de travail, et surtout, de femmes. Ce mémoire a l’intention de rendre visible des mécanismes politiques répressifs en s’appuyant sur un objet de travail précis. À travers ces dossiers d’expulsion, il s’agit de voir les conséquences des nouvelles directives de Napoléon III et de la manière dont elles pénètrent les discours sécuritaires et plus largement les procédures judiciaires. En effet, aux premiers abords, les femmes de ce corpus semblent être des délinquantes qui se trouvaient au mauvais endroit et au mauvais moment. Ayant transgressé les normes, elles font l’objet de poursuites judiciaires et sont expulsées du territoire. Néanmoins, avec une relecture de certaines lois, de nouveaux enjeux apparaissent. En confrontant différents contextes, acteurs et politiques, émergent alors une histoire de l’État. Au-delà d’un travail portant sur l’histoire du genre et des pratiques judiciaires, ce nouveau dispositif répressif dévoile d’autres phénomènes, restés encore méconnus. Les rapports de domination subis par les femmes sont les résultats d’une inquiétude à l’égard de leur identité. Leur nationalité, leur situation socio-économique fragile et les délits qu’elles commettent sont les raisons qui les font revêtir l’archétype de l’étranger marginalisé et dangereux.
Discipline : Histoire et civilisations de l’Europe
Mots-clés libres : Allemandes, Alsace (France), 19e siècle, Femmes, Conditions sociales, Alsace (France), 19e siècle, Femmes, Conditions économiques, Alsace (France), 19e siècle, Femmes pauvres, Alsace (France), 19e siècle, Femmes et justice, Alsace (France), 19e siècle, Expulsion des étrangers, Alsace (France), 19e siècle
Couverture : FR
Type : Mémoire de master recherche 2e année, Memoire Unistra
Format : Document PDF
Source(s) :
Format : Document PDF
Source(s) :
- http://www.sudoc.fr/281127085
Entrepôt d'origine :
Identifiant : ecrin-ori-374021
Type de ressource : Ressource documentaire
Identifiant : ecrin-ori-374021
Type de ressource : Ressource documentaire