Auteur(s) : Tajri Yacine
Directeur(s) : Saint-Martin Jean
Date de création : 30-06-2015

Résumé(s) : En s’achevant, la Seconde Guerre mondiale - et ses terribles conséquences – révèle le désastre occasionné et les marques sur les corps et les esprits des français. En 1945, l'objectif prioritaire de l’État est de reconstruire la République et de donner aux citoyens les moyens de retrouver une certaine forme de quotidienneté perdue durant la Guerre. L’École et l’Éducation physique sont alors des piliers de cette reconstruction. En effet, la Direction Générale de l’Éducation Physique et des Sports (DGEPS), avec les Instructions ministérielles du 1er octobre 1945, institue les groupes d'aptitudes. Désormais, les élèves sont classés dans des groupes en fonction de critères médico-physiologiques dans le but de leur proposer une éducation physique adaptée. Dès lors, le médecin examine et oriente les élèves dans l'un des quatre groupes afin de perfectionner les corps « performants » (groupe un et deux) et de préserver les corps « déficients » et d'éviter l'aggravation de cette fragilité (groupe trois et quatre).Mon objet d'étude montrera comment les élèves jugés déficients du groupe trois vont être pris en charge par l'institution scolaire, en les plaçant dans des « Centres de rééducation physique » prévus à cet effet. La déficience, telle qu’elle était conçue après 1945, renvoie à un manque ou à l’altération d’une fonction physique ou intellectuelle. La personne atteinte de déficience est alors une personne « diminuée ». En effet, est jugé « déficient » l’élève qui n’entre pas dans les grilles de la norme médicale . Comment les élèves du groupe trois vont-ils être pris en charge? Comment le poids des médecins s’exerce-t-il dans les Centres de rééducation physique? Quels contenus propose-t-on à ces presque 20% d'élèves « en marge » d'une normalité corporelle? Quelle pratique pour quel corps?Afin de répondre à ces questions, j’ai pu croiser les sources en consultant des Bulletins Officiels émanant du Ministère de l’Education nationale, des sources issues d'ouvrages de différents concepteurs, comme celui de Pétat et de Blanchon (1944) par exemple, ou celui constitué à l'issue du Congrès de la LFEP de 1946. La revue officielle de la Société française de rééducation physique (SFRP) constitue également une source pour cette recherche. Ces Annales de cinésithérapie et de rééducation physique succèdent à la revue Rééducation physique publiée par la Société entre 1932 et 1942. En se revendiquant scientifique, la revue dispense aux éducateurs et rééducateurs les principes d'une action au bénéfice d'une « jeunesse terriblement éprouvée » . Enfin, certaines sources provenant des Archives nationales ont aussi fait l'objet de consultations.Finalement, avec ce mémoire, nous montrerons que, suite à l'institutionnalisation des groupes d'aptitudes, la DGEPS apporte une triple réponse pour prendre en charge l'éducation corporelle des jeunes « déficients ». Une réponse sociale d'abord : il s'agit de classer et d'orienter les élèves selon des normes médicales pour une éducation physique différenciée en fonction des aptitudes. La réponse est également d'ordre politique : la création des Centres de rééducation physique et le placement, dans ces infrastructures à redresser, des « illettrés physiques », concourent à une rééducation corporelle pour viser une culture plancher qu'il n'est plus permis d'ignorer. Enfin, la troisième réponse, pédagogique, s'articule avec les deux premières : redresser les corps par une méthode efficace. Pour cela, une pédagogie adaptée et une gymnastique corrective mesurée seront au secours de l'élève « déficient ».
Discipline : Enseignement de l’éducation physique
Mots-clés libres : Education physique rééducation santé école Seconde Guerre mondiale élèves déficients contrôle médical norme, corps, Éducation physique et sportive France 1945-1970 Thèses et écrits académiques, Condition physique Tests Thèses et écrits académiques, Thérapeutique par l'exercice France 1945-1970 Thèses et écrits académiques, 796.07
Couverture : FR